Il y a des outils et matériels de dessins qui sont comme des créatures de légende : Tout le monde en a vaguement entendu parler mais presque personne n’en utilise. L’aérographe est de ceux-là.
Largement utilisé par les illustrateurs à des fins publicitaires dans les années 80, cet outil de vaporisation de peinture aux allures de pistolet rétro technologique est tombé dans l'oubli. Il permet pourtant de réaliser de somptueux rendus tel que l’a démontré, entre autres, l'artiste Drew Struzan à travers ses affiches mythiques de films (« Retour Vers le Futur », « Star Wars », « Les Goonies », « Indiana Jones », etc...). Penchons-nous donc sur ce trésor délaissé.
Anatomie de l' aérographe
Tout d'abord, il est important de comprendre de quoi se compose cet appareil. Il en existe deux types différents :
1) Simple action :
Ce type d’appareil est conseillé aux débutants car il est plus facile à utiliser. Une simple pression sur la gâchette permet d’actionner à la fois le débit de l’air et la quantité de peinture se trouvant dans le godet.
2) Double action :
Avec ce modèle, enfoncer la gâchette contrôle seulement le débit d’air. Reculer la gâchette plus ou moins fortement contrôle le débit de peinture. Cela demande une certaine dextérité mais permet, une fois la maîtrise de l’appareil acquise, une bien plus grande précision et finesse d’exécution.
Matériel boudé
On peut trouver deux facteurs déterminants qui ont contribués à faire tomber ce fabuleux matériel en désuétude :
Premièrement, il demande une certaine logistique. Là où il suffit d’ouvrir une boîte et d’avoir une feuille devant soi pour dessiner avec des crayons de couleur, l’aérographe doit être relié à un compresseur ou à une bombe d’air comprimé pour fonctionner.
De plus, il demande un maniement précis et un nettoyage minutieux pour ne pas endommager les petites parties dont il est composé. Enfin, des peintures spécifiques doivent être utilisées sous peine de ne pas obtenir de bons résultats ou d’abimer l’appareil.
Deuxièmement, l’arrivée des programmes de peinture digitale comme Photoshop ont largement contribué au déclin de l’aérographe. Lorsque il devient possible d’émuler en quelques traits de stylet l'effet produit par un aérographe, pourquoi s’empêtrer dans toute cette mise en place fastidieuse et ce matériel ?
Cependant, il existe cette frange d’irréductibles dessinateurs curieux de perpétuer l’art traditionnel, de toucher le papier, d’apprécier le mélange magique des pigments et de les voir se métamorphoser au contact du support.
Versatilité
L’aérographe offre, une fois mis en place, une grande efficacité pour recouvrir de grandes surfaces. Ainsi, un fond sera exécuté en quelques secondes là où un peintre utilisant la gouache et l’huile devra passer sans doute quelques heures. Comme évoqué plus haut, la nature même de l’aérographe demande une peinture suffisamment fine et liquide afin d’être projetée par la buse de l’appareil. Tous les peintres utilisant l’aérographe doivent trouver leur propre recette pour trouver la bonne consistance de leur peinture. Il existe cependant certaines marques prêtes à l’emploi comme la gamme «Aerocolor» de Schmincke qui ne nécessitent pas de mélange avec un déliant, pratique plutôt répandue dans le domaine du modélisme.
Je voudrais d'ailleurs évoquer l'utilisation de cet outil dans d'autres corps de métier bien que je me sente moins légitime pour parler de leur pratique en détails. Je peux néanmoins citer les maquilleurs, Nail Artist, les décorateurs de plateaux ou encore les modélistes. Ces derniers sont à vrai dire ceux qui parlent le plus de cet outil fabuleux qu’est l’aérographe. Le côté mécanique de l’appareil est assurément fascinant pour toute personne peignant de minutieuses maquettes. De plus, la versatilité de l’aérographe lui permet d’utiliser une grande variété de pigments, d’encres et de peintures. Un aérographe peut également servir pour la décoration d'aliments (Les pâtissiers s'en servent parfois pour orner leur création avec des pigments comestibles).
Précautions d'usage
Quelques précautions sont à prendre impérativement lors de l’utilisation d’un aérographe :
1)Se protéger avec un masque et parfois même des lunettes selon l’envergure des créations.
2)Travailler dans un espace bien ventilé ( il n’est pas conseillé d’inhaler les vapeurs et fines gouttelettes de peintures souvent composées d’acrylique ou de solvants divers).
3) Éviter de nettoyer l’appareil avec de l’eau ou utiliser de l’eau comme diluant de peinture ( risques de corrosion).
Faiseur de rêves
Je ne pouvais résister à finir cet article avec une des peintures du maître Drew Struzan qui a grandement contribué à faire connaitre cet outil et j'espère que cela sera, si ce n'est encore le cas, une source d'inspiration pour vous, peut-être succomberez-vous également à la magie de l'aérographe !
